La première partie de ce livre est la partie qui m’a le plus interpellĂ©e, Ă©mue.

Enrico Macias nous dĂ©crit un pays disparu. A la lecture de ce livre, nous pouvons entrevoir la vie telle qu’elle avait cours dans l’AlgĂ©rie d’avant 1962. Nous y percevons une cohabitation amicale et respectueuse entre diffĂ©rentes cultures, des juifs ayant Ă©tĂ© Ă©levĂ©s en arabe, des amitiĂ©s qui naissent entre gens de cultures diffĂ©rentes, une tolĂ©rance vis­ à­ vis des traditions des religions diffĂ©rentes, aucune censure dans les discussions philosophiques et religieuses. Nous sentons dans son Ă©criture une grande nostalgie de cette Ă©poque.

L’Ă©vocation de la musique qui rassemble ces cultures : la musique arabo-­andalouse, qu’Enrico Macias prĂ©fĂ©rerait nommer la musique judĂ©o-arabo-andalouse.

Enrico Macias nous amène par sa lecture vers une autre nostalgie, palpable chez lui, la nostalgie d’Al­ Andalus. Ces 700 annĂ©es d’occupation de l’Andalousie par les Maures durant laquelle plusieurs civilisations et cultures vivaient Ă©galement en bonne intelligence.

Nous pouvons percevoir le fardeau qu’Enrico doit porter depuis sa naissance : la nostalgie du pays de ses ancĂŞtres, l’exil de ceux-­ci vers l’AlgĂ©rie, ensuite son exil Ă  lui vers la France et la nostalgie de son pays natal, fardeau qu’il portera jusqu’Ă  la fin de sa vie, Ă  moins d’un miracle.

Nous pouvons suivre son apprentissage de la musique, sa passion de la musique. Nous percevons toute cette ambiance du bassin mĂ©diterranĂ©en, si nous tendons l’oreille, nous pouvons mĂŞme entendre le malouf (nom de la musique arabo­-andalouse de l’autre cĂ´tĂ© de la mĂ©diterranĂ©e). Certains mots ou noms employĂ©s Ă©voquent des chansons d’Enrico.

Nous voyons son amour pour ses petits­-enfants et son dĂ©sir de leur transmettre leurs racines. Nous voyons l’ambition du papa d’Enrico pour lui et en mĂŞme temps le respect pour son amour de la musique.

Atmosphère dans la famille d’un musicien : quand son papa rentre d’avoir jouĂ© dans une noce ou une fĂŞte, les enfants ne peuvent pas faire de bruit pendant la journĂ©e pour le laisser dormir (difficile pour de jeunes enfants).

Quelques Ă©lĂ©ments d’histoire :

  • Le dĂ©cret CrĂ©mieux qui accorde la nationalitĂ© française aux indigènes d’origine israĂ©lite.
  • Le premier pogrom commis en AlgĂ©rie le 5 aoĂ»t 1934 : rumeur selon laquelle un juif aurait urinĂ© sur le mur d’une mosquĂ©e.
  • Des noms français, pouvant Ă©voquer des endroits bien de chez nous : Philippeville, Jemmape.

Les autres parties m’ont moins interpellĂ©e, elles racontent plus ses prises de contact en France pour avoir des contrats et sa carrière. Ce qui m’a choquĂ© en fin de livre est l’attitude de certains dirigeants algĂ©riens (Bouteflika), qui lui font entrevoir un espoir (de faire une tournĂ©e Ă  Constantine) (1999-­2000), mais qui finalement ne se rĂ©alise pas, Ă  cause du Front Islamique de Salut.

Ce qui me plaît également est son pacifisme et sa neutralité par rapport au conflit israelo-­arabe.

Evelyne

L'envers du ciel bleu Couverture du livre L'envers du ciel bleu
Enrico Macias
récit de vie
Cherche Midi
2015
237

Sous le sourire, les larmes... La face cachée d'Enrico.

L’on perçoit d’abord, en Enrico Macias, le pied-noir chantant à perpétuité la beauté du ciel bleu et du soleil de la Méditerranée… C’est ignorer qu’il n’a pas seulement dû quitter la terre de ses ancêtres, mais que cette terre, son pays natal, a été ensevelie par l’histoire. Malgré sa grande popularité chez « les gens du Nord », il reste pourtant, bel et bien, l’enfant d’une Algérie où les juifs vivaient depuis deux mille ans et qui a découvert la France comme un pays d’exil.

Dans L’Envers du ciel bleu, le chanteur raconte ses combats insoupçonnés. Le deuil du pays perdu, la France à apprivoiser, l’histoire parfois sombre d’un homme qui affronte les tourments du monde et cherche à y survivre. L’histoire, en somme, d’un perpétuel sourire derrière lequel se cache une inguérissable douleur…

À travers son témoignage sans concession, vous allez rencontrer Enrico Macias qui se livre entièrement, pour la première fois.
Émouvant et poignant.

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