Un petit chef d’Ɠuvre, parce que l’auteur nous a non seulement fait pĂ©nĂ©trer dans le quotidien de ce couple, mais nous vivons avec eux, partageons leur vie. Il y a une parfaite harmonie entre le dĂ©cor des lieux et la vie des personnages. Ceux-ci Ă©voluent dans un dĂ©cor sombre et sinistre, miroir de leur propre vie .

Elle a tuĂ© le chat, il a arrachĂ© les plumes de la queue du perroquet : le volatile en est mort
et la guerre est dĂ©clarĂ©e.

C’est l’histoire de deux ĂȘtres qui ne vivent pas ensemble mais l’un Ă  cĂŽtĂ© de l’autre. Ils ne peuvent pas se rencontrer, mais ils ne peuvent pas se passer l’un de l ‘autre. lls ruminent leur haine, leur hargne, s’adressent des paroles fĂ©roces, ou plutĂŽt s’écrivent, ils ne se parlent plus. C’est devenu l’objet de leur vie ; se faire mal, se dĂ©chirer. C’est un jeu, chacun a son rĂŽle, chacun a besoin de se nuire. «  ils sont lĂ  Ă  la tombĂ©e de la nuit d’hiver ; l’un fait semblant de dormir, l’autre tricote. Ils s’observent sans en avoir l’air, ils se narguent
.

Leur vie quotidienne est monotone, chaque jour est pareil, chaque jour ça recommence, sans aucune surprise. Bref, ils usent le temps

Ils vivent des heures vides sans couleur, sans ombres ni lumiĂšres

Ce que j’apprĂ©cie chez Simenon, c’est cette photographie des lieux dans lesquels il plante son sujet.

Tout comme l’amour, la haine unit parfois deux ĂȘtres

Et lĂ , chacun joue son rĂŽle ; se nuire, se dĂ©chirer, s’humilier tels sont les enjeux.

Le chat Couverture du livre Le chat
Georges Simenon
Le Soir
2003
158

II avait lùché le journal, qui s'était d'abord déployé sur ses genoux puis qui avait glissé lentement avant d'atterrir sur le parquet ciré.
On aurait cru qu'il venait de s'endormir si, de temps en temps, une mince fente ne s'était dessinée entre ses paupiÚres.
Est-ce que sa femme Ă©tait dupe ?
Elle tricotait, dans son fauteuil bas, de l'autre cĂŽtĂ© du foyer. Elle n'avait jamais l'air de l'observer, mais il savait depuis longtemps que rien ne lui Ă©chappait, pas mĂȘme le tressaillement Ă  peine perceptible d'un de ses muscles.

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