C’est le matin de la Moisson qui doit ouvrir la dixième édition annuelle des Hunger Games. Au Capitole, Coriolanus Snow, dix-huit ans, se prépare à devenir pour la première fois mentor aux Jeux. L’avenir de la maison Snow, qui a connu des jours meilleurs, est désormais suspendu aux maigres chances de Coriolanus. Il devra faire preuve de charme, d’astuce et d’inventivité pour faire gagner sa candidate.
Mais le sort s’acharne. Honte suprême, on lui a confié le plus misérable des tributs : une fille du district Douze. Leurs destins sont désormais liés. Chaque décision peut les conduire à la réussite ou à l’échec, au triomphe ou à la ruine.
Dans l’arène, ce sera un combat à mort.

Note : 4 sur 5.

A lire absolument si on aime l’idée d’explorer les racines du système, la genèse du pouvoir et la psychologie d’un anti-héros. Un préquel très bien pensé

Julia

Archives des enfants perdus

Valeria Luiselli

Une voiture roule sur les routes américaines. À l’intérieur, une femme, un homme, leurs deux enfants issus d’unions précédentes. Ils ont une
destination – le sud – mais deux buts : le père veut se rendre en Apacheria, l’ancien territoire historiquement habité par les Indiens Apache
; la mère, elle, veut voir de ses propres yeux la réalité de ce qu’on appelle, à tort, la « crise migratoire » des enfants sud-américains immigrant seuls aux États-Unis pour rejoindre leurs parents. Ils ont une destination, deux buts, mais le même souci: rendre compte d’un territoire, de ce (et ceux) qui le traverse (et l’ont traversé), des transformations successives que lui a imprimées l’histoire.
Mais au milieu de ce couple qui s’apprête à prendre des chemins différents se trouvent leurs deux enfants. Leurs interrogations, les photos qu’ils prennent, le regard qu’ils portent sur le monde donnent un autre sens à ce voyage. Surtout quand ils demandent à leur mère de leur lire Élégies des enfants perdus, un petit livre rouge écrit par une mystérieuse autrice…
Archives des enfants perdus réussit le pari de lier une trajectoire intime à celle d’une histoire nationale, de mêler la portée politique d’une écriture au lyrisme et à l’émotion.
« Comment garder la trace des fantômes de
l’histoire ? », se demandent ses personnages. La réponse est peut-être plus simple qu’il n’y paraît.

Note : 4 sur 5.

Un peu avant la moitié du roman, la mère s’interroge : « Je ne sais toujours pas tout à fait comment je ferai mais l’histoire que je dois raconter est celle des enfants qui ont disparu, ceux dont on ne peut plus entendre les voix parce qu’elles sont, peut-être à jamais, perdues. » C’est sans doute aussi cette question que s’est posée Valeria Luiselli quand elle a entamé l’écriture de son roman. La façon dont elle s’y prend n’est pas de rédiger un plaidoyer, une liste de constats ou des accusations sur le traitement réservé aux enfants migrants, mais de raconter l’histoire d’une petite famille pendant les quatre mois de son voyage vers le sud-ouest des États-Unis.

Dans son récit s’entremêlent le quotidien du voyage en voiture, les étapes, les histoires qu’on se raconte, les petits incidents, les récits du père à propos des Apaches, les interrogations de la mère sur son projet et sur les divergences avec son compagnon. Divergences à propos de leurs « manières à chacun d’écouter et de comprendre les sons du monde autour de nous », et donc aussi d’en garder des traces. Ces questions sont abordées dans la première partie du roman.

Parmi ces échanges et ces réflexions, il est bien sûr question des migrants, enfants surtout : le sort des filles de Manuela, une veillée près d’un centre de détention qui a eu lieu avant le voyage, l’expulsion par avion d’enfants migrants à laquelle assiste la famille. Mais le plus marquant est la place que prend progressivement un récit dans le récit. Ce sont les « Élégies pour enfants perdus » que la mère lit et enregistre. Ces élégies, qui sont une fiction dans la fiction à propos d’enfants migrants, prennent de plus en plus de place vers la fin du roman au point que ces enfants perdus vont se matérialiser et croiser les deux enfants personnages du roman, qui se sont eux-mêmes perdus.

En parallèle, le projet du père met en avant une autre facette des États-Unis, historique celle-là : le sort réservé aux Apaches à la fin du 19e siècle, notamment les déportations dont ils ont été victimes, Des déportations que les autorités imposent aujourd’hui aux migrantes et migrants.

Hormis certaines digressions (du moins des parties que j’ai ressenties comme telles), l’autrice articule habilement et de manière fluide des récits sur des thèmes différents qui sont liés au vécu et aux préoccupations des personnages. Elle nous fait vivre aussi avec sensibilité l’histoire « interne » de la famille : un couple qui se délite petit à petit et surtout des relations, très finement décrites, entre les parents et les enfants, que la mère qualifie de « partenaires de vie ». Et enfin la relation forte et joyeuse entre la fille et le garçon, qu’illustrent à merveille les dernières pages. Les personnages des enfants sont très attachants et pleins d’imagination.

La fin du roman est particulièrement réussie, avec un chapitre d’une seule phrase qui court sur 25 pages, haletant, où le garçon raconte au présent la fin de leur périple d’enfants perdus et dans lequel toutes les questions du roman refont surface.

Stéphan

Les nuits que l’on choisit

Elise Costa

Tous les chroniqueurs judiciaires se sont déjà vu poser cette question : ‘Comment fais-tu pour dormir la nuit ?’ Ce livre est une réponse. Quand la journaliste Élise Costa décide d’écrire sur le crime, son quotidien en est bouleversé. Sillonnant les palais de justice à travers la France, elle suit les affaires criminelles les plus médiatiques – la joggeuse de Bouloc, Troadec, Nordahl Lelandais – et celles qui font couler moins d’encre. Pour s’approcher à son tour de la vérité, elle s’attarde sur les détails et explore les rouages d’une justice aussi implacable que fascinante. Mais alors, avec la nuit vient le doute.

Note : 3 sur 5.

Un gros plan éclairant et instructif sur le fonctionnement de l’appareil judiciaire et la notion même de justice. Au travers du regard et des questionnements personnels d’une chroniqueuse judiciaire et illustré par diverses affaires médiatisées. Une incitation à nous demander comment nous réagirions confrontés à un procès.

Christiane

Un hiver en enfer

Jo Witek

Pour le jeune garçon, il est hors de question d’effacer toutes ces années privées de l’amour maternel. Il préfère se réfugier dans le monde virtuel des jeux vidéo. Tout bascule avec la mort accidentelle de son père. Il se retrouve seul dans un chalet avec cette mère haïe, qui soudainement l’étouffe d’affection et l’isole davantage. Un face-à-face terrible commence au coeur de l’hiver. Deux êtres. Deux folies. Au point de conduire au meurtre ? Qui entre eux deux dit la vérité ?

Note : 4 sur 5.

Dans une maison perdue en montagne, un adolescent tente de comprendre ce qui lui est arrivé, mais ses souvenirs semblent lui mentir.

Autour de lui, les silences des adultes sont plus glacials que l’hiver qui l’enferme.

Et si la vérité qu’il cherche avec obstination était plus terrifiante que ce qu’il imagine ?

Giovanni

À la tombée du jour, un jeune guérisseur se rend dans un village reculé. Sa mère lui a toujours dit :  » Ne laisse jamais de traces de ton passage.  » Il obéit toujours à sa mère. Sauf cette nuit-là.
Cécile Coulon explore dans ce roman des thèmes universels : la force poétique de la nature et la noirceur des hommes.

Note : 4 sur 5.

Conte fantastique dans lequel un jeune guérisseur qui connaît « la langue des choses cachées » est appelé au chevet d’une vieille femme dans un village reculé. Comme sa mère avant lui, le « Fils » va à la rencontre des gens malades pour prodiguer ses soins. Lyrique, poétique, puissant ! 

Catherine

Les lumières de septembre

Carlos Ruiz Zafón

1937. La mort de son mari l’ayant laissée sans revenus, Simone Sauvelle accepte de quitter Paris pour occuper un emploi de secrétaire particulière en Normandie. Lazare Jann, son employeur, est un génial inventeur de jouets. Il vit dans une immense propriété en compagnie de sa femme, très malade, qui n’a pas quitté son lit depuis vingt ans. Passionnément amoureux d’elle, il la soigne personnellement. Simone Sauvelle, sa fille Irène, quinze ans, et Dorian, son jeune fils, sont immédiatement séduits par la grande gentillesse de Lazarus. Ils tombent aussi sous le charme de Cravenmoore, son extraordinaire demeure.
Composée d’innombrables pièces et corridors qui se perdent dans l’obscurité, elle est peuplée de marionnettes qui semblent mener une existence indépendante. Hannah, la jeune domestique de Lazarus, devient vite l’amie d’Irène, à laquelle elle présente Ismaël, son beau cousin. Et très naturellement les deux adolescents tombent amoureux l’un de l’autre, tandis qu’une douce amitié rapproche Lazarus et Simone. C’est alors qu’une force criminelle prend possession de Cravenmoore, comme si l’amour et l’affection lui étaient insupportables. Ombre plus noire que les recoins les plus obscurs, elle tue Hannah, cherche à assassiner Irène et Ismaël, attaque Simone, Dorian et Lazarus.
Pourquoi manifeste-t-elle tant de jalousie et de haine ? Et quelles sont ses motivations ? En trouvant dans un phare abandonné le journal intime d’une jeune femme disparue des années auparavant, Irène et Ismaël percent peu à peu le mystère de cette force désespérée. Et c’est dans une chambre isolée, au bout d’un long couloir gardé par des marionnettes possédées par une folie homicide, près d’une femme oubliée du monde depuis vingt ans, que les deux adolescents doivent aller traquer la vérité.

Note : 4 sur 5.

La lecture des Lumières de septembre est une expérience qui fait passer de l’émerveillement initial à une peur sourde pour aboutir à une émotion douce-amères mêlant soulagement et mélancolie face au destin tragique de certains personnages. La frontière entre l’émerveillement et l’angoisse est parfois bien ténue.

Evelyne

Les Biotanistes

Anne-Sophie Devriese

Quelque part dans le futur.
La terre est sèche. Des grappes d’humains survivent dans les dernières oasis. Terminé les ruisseaux, terminé les animaux, terminé… la domination masculine. Parce qu’elles semblent être les seules à survivre à une maladie qui décime l’humanité, les femmes ont pris le pouvoir et les hommes sont relégués au rang de reproducteurs.
Rim, jeune sorcière élevée au convent, voit son premier saut dans le passé approcher avec impatience et fébrilité : et si elle n’atterrissait pas en zone utile et devait renoncer pour toujours à voyager dans le temps ? Et puis, qui est Alex, cette nouvelle venue qui la déroute tant, la pousse à reconsidérer ses certitudes ? Et si… Et si les hommes, en vérité, pouvaient survivre au fléau ?

Note : 4 sur 5.

Les Biotanistes est un roman qui mêle avec habileté des thématiques très actuelles : écologie, pouvoir, transmission et culture.

Dès la couverture, l’atmosphère est posée — entre nature omniprésente, accents de sorcellerie et touches steampunk. Le lecteur découvre l’univers progressivement, sans didactisme.

Le changement climatique et ses conséquences constituent un axe central du récit : l’action se situe dans un futur marqué par les cataclysmes engendrés par le dérèglement climatique. Enfin, le matriarcat mis en scène n’est jamais idéalisé, ce qui donne au roman une réelle profondeur.

Noémie

Le prochain club aura lieu le 9 janvier 2026. Le thème de la séance nous est proposé par Julia : 

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