Ceux qui restent

Jean Michelin

Le caporal Lucien Guyader, dit Lulu, quarante ans, a toujours démontré une fiabilité rassurante pour ses hommes comme pour ses chefs. Aussi, quand ce père de famille disparaît à dix jours d’un départ en opération, le sergent Marouane s’inquiète et alerte Stéphane, leur ex-adjudant. Secoué par la nouvelle, Stéphane se laisse embarquer par Marouane, aux côtés du caporal et du lieutenant de la section.

Frères d’armes aux trajectoires contrastées, transformés en détectives de fortune, ces quatre chiens de guerre partent sur les traces de Lulu, leur pilier, celui qui n’a pas craqué lorsque l’un des leurs est tombé au cours d’une embuscade. Au fil de leur enquête, ressurgissent les traumatismes des combats, ces réminiscences qui leur collent à la peau, mélange d’odeurs, de peur et de fraternité. Remontent aussi des souvenirs d’étreintes et de désir. Qui sont ces hommes qui côtoient l’indicible ? Comment tiennent-ils à distance le feu, lors de leur retour à la vie civile ? Et que fuit donc Lulu pour s’être soudain évaporé ?

Jean Michelin, officier de carrière, dépeint cet univers de l’intérieur et nous mène sur un fil vers une vérité impossible. Un roman sans concessions sur ce que la guerre fait aux hommes et aux femmes, à ceux qui partent, à ceux qui ne reviendront pas et à ceux qui restent.

Note : 4 sur 5.

Plongée dans le monde dur et viril des militaires où la mort les guette à tout instant. « Ceux qui restent », ce sont les parents, les compagnes et les enfants qui attendent dans l’angoisse et la peur que leurs héros rentrent enfin à la maison. Un monde sans concession dicté par la violence mais aussi par la fraternité des frères d’armes.

Catherine

Judas

Amos Oz

Le jeune Shmuel Asch désespère de trouver l’argent nécessaire pour financer ses études, lorsqu’il tombe sur une annonce inhabituelle. On cherche un garçon de compagnie pour un homme de soixante-dix ans ; en échange de cinq heures de conversation et de lecture, un petit salaire et le logement sont offerts. C’est ainsi que Shmuel s’installe dans la maison de Gershom Wald où il s’adapte rapidement à la vie réglée de cet individu fantasque, avec qui il aura bientôt des discussions enflammées au sujet de la question arabe et surtout des idéaux du sionisme. Mais c’est la rencontre avec Atalia Abravanel qui va tout changer pour Shmuel, tant il est bouleversé par la beauté et le mystère de cette femme un peu plus âgée que lui, qui habite sous le même toit et dont le père était justement l’une des grandes figures du mouvement sioniste. Le jeune homme comprendra bientôt qu’un secret douloureux la lie à Wald…

Note : 5 sur 5.

Amos Oz ne se limite pas à raconter comment Shmuel, après une déception amoureuse et l’arrêt brutal de ses études, remonte la pente pendant les quelques mois qu’il passe chez Gershom Wald et Atalia Abravanel. Il nous propose une histoire d’amour et une histoire d’amitié singulières. Ce n’est pas tout : à travers les conversations, il donne à comprendre comment s’est construite la relation entre juifs et chrétiens, et quelles visions différentes se sont affrontées chez les Sionistes à propos de la création de l’État d’Israël et des relations avec les Arabes. Cet aspect du roman s’avère bien utile pour resituer les relations entre Israël et la Palestine au moment où se poursuit la guerre à Gaza et pour dépasser les explications simplistes et sans nuances qui circulent. On peut lire sur Wikipedia que « Amos Oz milite pour une lecture lente de la littérature, qui permet de retrouver ce qu’il appelle un bonheur tranquille ». C’est bien ce qu’on retrouve dans la lecture de « Judas » : Amos Oz déroule son récit dans une écriture très lisible. Il nous emmène de découverte en découverte, surtout à travers les conversations entre ses personnages, auxquels on s’attache. Des personnages attachants, dans une histoire qui aide à comprendre le présent. Un grand roman d’un grand auteur.

Stéphan

La voix du lac

Laura Lippman

Baltimore, 1965. Maddie est la femme au foyer parfaite, mariée depuis presque vingt ans à l’un des représentants de la bonne société locale et mère d’un adolescent. Un soir, sur un coup de tête, elle décide de tout plaquer. Elle veut retrouver sa liberté, et s’accomplir professionnellement, en devenant journaliste. Lorsque le corps d’une jeune femme noire est retrouvé dans un lac, Maddie y voit l’occasion de se faire un nom et faire la lumière sur ce crime, malgré l’indifférence générale. Un roman à suspense formidablement mené, où s’incarnent racisme, sexisme et rapports de classes dans l’Amérique des années 1960.

Note : 4 sur 5.

Une épouse, mère d’un garçon qu’elle adore décide de quitter le nid familial pour vivre sa vie de femme. Avec toutes les difficultés qui l’attendent elle mènera une enquête criminelle en faisant son métier de journaliste jonché d’embuches. Un livre passionnant révélateur de la quotidienneté des femmes dans la vie américaine.

Ian

Le Magasin des suicides

Jean Teulé

Vous avez raté votre vie ? Avec nous, vous réussirez votre mort ! Imaginez un magasin où l’on vend depuis dix générations tous les ingrédients possibles pour se suicider. Cette petite entreprise familiale prospère dans la tristesse et l’humeur sombre jusqu’au jour abominable où surgit un adversaire impitoyable : la joie de vivre…

Note : 2 sur 5.

C’est un livre qui se laisse lire, mais pour lequel je n’ai pas accroché. Il y a, à un moment, une sexualisation de la sœur inappropriée et non obligatoire. On se doute très vite de ce qu’il va se passer et de comment l’histoire va se terminer. Parfois, l’auteur combine plusieurs mots soutenus pour donner un aspect poétique aux phrases mais cela les rend incompréhensibles. J’apprécie l’humour noir, mais Teulé le pousse à son paroxysme, rendant la lecture parsemée de sourires (car oui c’est quand même drôle) et de soupirs (trop de redondance de certaines blagues). La fin est très, trop, précipitée. C’est un classique que je conseille de lire, mais je n’ai pas accroché.

Pika

Le Paris des merveilles, tome 1 : Les enchantements d’Ambremer

Pierre Pevel

Paris, début du XXe siècle. Les messieurs ont de fières moustaches, des chapeaux melons ; les dames portent des corsets, des jupons, des bottines à boutons. Déjà, de rutilants tacots pétaradent parmi les fiacres le long des Grands Boulevards aux immeubles haussmanniens. Mais ce n’est pas le Paris de la Belle Époque tel que nous l’entendons : la tour Eiffel est en bois blanc, les sirènes ont investi la Seine, les farfadets, le bois de Vincennes, des chats-ailés discutent philosophie et une ligne de métro permet de rejoindre le pays des fées.

Occupé à enquêter sur un trafic d’objets enchantés, Louis Denizart Hippolyte Griffont, mage du Cercle Cyan, se retrouve mêlé à une série de meurtres. Confronté à des gargouilles immortelles et à un puissant sorcier, Griffont n’a d’autre choix que de s’associer à Isabel de Saint-Gil, une fée renégate que le mage ne connaît que trop bien…Bienvenue dans le Paris des Merveilles.

Note : 5 sur 5.

Globalement, l’histoire était bien rythmée, bien écrite et les personnages sympathiques. L’intrigue était assez bien menée et la fin satisfaisante ! La plume de l’auteur était assez particulière et a demandé un peu d’habitude mais après le premier chapitre, j’étais plongée et embarquée dans l’histoire!

Je recommande vivement !

Jennifer

Mille soleils splendides

Khaled Hosseini

Forcée d’épouser un homme de trente ans son aîné, Mariam ne parvient pas à lui donner un fils. Après dix-huit années de soumission à cet homme brutal, elle doit endurer une nouvelle épreuve : l’arrivée sous son propre toit de Laila, une petite voisine de quatorze ans.

Enceinte, Laila met au monde une fille. D’abord rongée par la jalousie, Mariam va finir par trouver une alliée en sa rivale. Toutes deux victimes de la violence et de la misogynie de leur mari, elles vont unir leur courage pour tenter de fuir l’Afghanistan. Mais parviendront-elles jamais à s’arracher à cette terre afghane sacrifiée, et à leur ville, Kaboul, celle qui dissimulait autrefois derrière ses murs « mille soleils splendides »?

Afghanistan, de 1959 à 2003, à travers cinquante ans d’une histoire dramatique, agitée par le conflit contre les Russes, les guerres civiles incessantes, et pour finir le régime taliban, qui a fait de ce pays ce qu’il est aujourd’hui.

Note : 5 sur 5.

Khaled Hosseini nous conte l’histoire de deux femmes aux destins entremêlés mais aussi la grande Histoire de l’Afghanistan sur plusieurs décennies. Les deux sont tragiques mais la vie finit toujours pas triompher à la fin.

Isabelle

Mon tour de manège

Gilles Legardinier

C’est bien connu, on ne choisit pas sa famille. On ne choisit pas non plus les lettres que l’on reçoit. Amandine va en recevoir une, une seule, qui va l’obliger à se demander qui elle est, ce qu’elle attend de la vie, ce qu’elle tient de ses parents, ce qu’elle espère des hommes, ce qu’elle doit à ses amies, si la couleur citrouille lui va bien, où vivent réellement les écureuils, si elle croit aux fantômes, combien de temps elle peut tenir dans l’eau glacée, ce que l’on gagne lorsqu’on passe la barre des 100 contraventions, quel est le vrai goût des croquettes pour chat, et surtout ce qu’elle est prête à endurer pour avoir une chance de se construire une vie qui lui ressemble vraiment. Une seule lettre pour choisir son destin, car elle le devine, il n’y aura pas de deuxième tour de manège.

Note : 5 sur 5.

Un bon moment sans prise de tête avec de l’humour de surcroît, comment y résister ? N’essayez pas et plongez-vous tête baissée dans ce roman qui sent bon la fraîcheur.

Brigitte

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